Interview de Jean-Yves Brousselle,
directeur artistique sur le doublage la 5ème saison de Sliders

(Février 2003 aux Studios Lincoln)

Jean-Yves Brousselle et les comédiens
Jean-Yves Brousselle (gauche),
entouré des voix françaises de la 5è saison de Sliders

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Sliders - Le Minuteur: Quelle est votre opinion sur cette nouvelle saison ?

Jean-Yves Brousselle: Les nouveaux scénarios sont assez différents de ceux des précédentes saisons. J'ai le sentiment que cela ne s'adresse plus tout à fait à la même tranche d'âge. Les saisons précédentes intéressaient peut-être plus directement des adultes plus âgés. Mais d'un autre côté, cette saison comporte des épisodes comme celui avec le Président des Etats-Unis qui traite de la dissimulation de la guerre [ndlr : Un Monde de presse à scandale / A Current Affair] qui est tout à fait pertinent. Je trouve que les Américains vont très très loin dans la critique, et je ne suis pas sûr qu'on pourrait voir quelque chose de similaire en France.
Nous doublons actuellement le 6è ou 7è épisode, le plus dur a été d'avaler les deux premiers, et de faire accepter la disparition du héros, ça c'était assez inhabituel. Mais une fois qu'on l'a avalé et digéré, on est prêt à tout accepter ! [Rires]

Sliders - Le Minuteur: Le jargon techno-scientifique, qui se fait plus insistant, dans cette saison a-t-il été un handicap ?

Jean-Yves Brousselle: Parfois il y a des termes inventés de toutes pièces, qui ne sont pas toujours basés sur des faits scientifiques, réels ou pouvant exister. On est alors obligé de vérifier si tel ou tel mot existe réellement ou non. Ce n'est pas toujours le cas dans d'autres séries, qui sont construites dans un univers de science-fiction mais qui sont toujours basées sur des possibilités ou des faits scientifiques. Mais il est vrai que la possibilité de voyager dans des univers parallèles est tout à fait intéressante.

Sliders - Le Minuteur: Certains comédiens avouent avoir mis un certain temps à saisir tous les enjeux de la série, tant l'intrigue s'était compliquée. Pensez-vous que pour cette raison elle est plus difficile à doubler ?

Jean-Yves Brousselle: Non. Mais on n'enregistre pas toujours les épisodes dans la chronologie. Les comédiens connaissent un peu l'histoire certes, mais certaines scènes doublées peuvent donc leur paraître un peu étranges au milieu des autres. Néanmoins, si on se réfère à quelques scènes antérieures, tout est compréhensible. C'est pour cette raison qu'il faut malgré tout faire attention quand on fait un changement, car cela peut répondre à ce qui a été dit précédemment.

Sliders - Le Minuteur: N'êtes-vous pas tenté de modifier ou " d'arranger " le texte original ? Quelle est votre marge de manœuvre entre, d'une part la rigueur exigée par une retranscription fidèle du texte original, et d'autre part l'apport créatif qui relève du caractère " artistique " de votre activité ?

Jean-Yves Brousselle: On fait parfois des modifications… Mais il faut que cela reste dans l'esprit du texte original. Quand on change la phrase, c'est souvent parce que la phrase française était construite à la base pour qu'elle soit uniquement synchrone. Mais il y a plusieurs écoles là-dessus. Personnellement, je préfère la justesse d'une phrase et son rythme pour l'acteur à son synchronisme. Même si ce n'est pas exactement synchrone, mais si la phrase est juste et dans le bon rythme, ça ne choquera pas. Le doublage c'est une illusion, donc il faut créer cette illusion avec la justesse du texte. Hier, vous avez vu, il y avait des mots qui, au lieu d'être au milieu de la phrase, ont été mis à la fin, parce qu'ils contenaient des labiales et qu'il fallait justement des labiales à la fin de la phrase. On remettait dans le bon ordre et finalement ça ne choquait personne. Mais il y a vraiment deux écoles écoles, certaines personnes préférant privilégier le synchronisme. Pour moi, si ça passe au niveau du synchronisme et si le sens n'a pas été altéré, je le conserve… il ne faut évidemment pas dénaturer l'original !

Sliders - Le Minuteur: Peut-on parfois parler d'améliorations par rapport à l'original ?

Jean-Yves Brousselle: Ca peut arriver. Mais pour les comédiens français comme pour les dialoguistes, s'ils ont comme support un bon acteur ou un bon dialogue anglais, il leur sera beaucoup plus facile que si l'acteur ou le texte original n'est pas très bon. Avoir un dialogue original de qualité, ça aide tout le monde. Si l'acteur original a tendance à souligner ou à surjouer tout ce qu'il fait, et qu'on commence aussi à faire ça en français, on ne s'en sort plus ! Mais heureusement dans le cas de Sliders, je trouve notamment que Cleavant Derricks et Tembi Locke sont très bien dans leurs rôles.

Sliders - Le Minuteur: Ca n'a pas été trop dur de reprendre le doublage après trois ans d'interruption ?

Jean-Yves Brousselle: Non non, ça va… tout le monde était ravi. Moi-même j'ai été très surpris. On part sur quelque chose que l'on connaît donc c'est plutôt sympathique. Ce n'est pas une série exténuante, certaines séries sont beaucoup plus difficiles, pas forcément désagréables à faire mais nécessitant un travail de préparation beaucoup plus compliqué. Pour Sliders, il n'y a pas beaucoup de petits rôles, donc c'est beaucoup moins compliqué à gérer.

Sliders - Le Minuteur: A propos de casting, la voix du personnage de Wade faite par Barbara Tissier dans les premières saisons va-t-elle être reprise pour la résolution de l'intrigue autour de Wade dans l'épisode Un monde de Requiem ?

Jean-Yves Brousselle: On fera ce qui est en notre pouvoir pour la conserver ! Il y a des séries où la comédienne américaine originale avait été changée trois fois. Malgré cela, on avait choisi de garder la même voix française à chaque fois car elle correspondait bien.

Sliders - Le Minuteur: Avez-vous le temps de regarder les séries sur lesquelles vous travaillez chez vous ?

Jean-Yves Brousselle: Non. Ca dépend, mais quand on a travaillé sur une série, quelqu'un du studio visionne la série dans une salle à côté avec un regard extrêmement critique.

Sliders - Le Minuteur: Vous pouvez donc être amené à refaire certaines scènes ?

Jean-Yves Brousselle: Oui, on appelle ça des pré-retakes, car c'est avant de l'envoyer au client. S'il y a une petite prononciation qui n'est pas bonne, qui n'est pas cohérente, ou une phrase qu'on n'a pas comprise, etc. Pour les films c'est un peu différent car on a une projection avec le client, donc on a le loisir de le regarder en entier et dans l'ordre. Mais c'est aussi une grosse épreuve ! On voit alors toutes les imperfections, alors qu'on a travaillé dessus pendant trois semaines.
Mais si une série passe à la télé et qu'on l'a faite, des fois je vais regarder un épisode en entier pour voir si le travail est bien fait. Je ne suis pas forcément très perfectionniste, mais je me rends vite compte si je suis pris dans l'histoire ou pas. S'il y a vraiment de grosses faiblesses dans le casting, je n'y crois pas.

Sliders - Le Minuteur: Combien de temps s'écoule entre le moment où vous recevez les bandes et celui où l'épisode est finalisé ?

Jean-Yves Brousselle: Admettons qu'on attaque au moment où ça arrive tout de suite : une semaine de détection, une semaine d'écriture, puis le doublage… je dirais un minimum de trois semaines à un mois, le temps de le détecter, de l'écrire, de le vérifier, de le calligraphier. En fait l'enregistrement est le moment le plus court. C'est le moment le plus agréable aussi ! Mais le casting aussi est un travail intéressant. Après, il faut aussi réussir à contenir certains acteurs qui sont un peu dissipés ! Comme ils se revoient toutes les semaines deux jours par semaine, ils sont comme des mômes !

 

 

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